vendredi 13 mai 2016

Quand la nuit devient jour de Sophie Jomain

Synopsis : On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée.
Papier (238 pages) et numérique - Paru en avril 2016 chez Pygmalion

Mon avis :
A la fois je craignais de lire ce roman et j'en étais très curieuse pour découvrir l'auteur dans un registre très réaliste et différent de ce qu'elle a fait jusqu'à présent (comment ça les romances c'est réaliste ?? ). Et en même temps, je me posais tout un tas de questions sur cette maladie qu'est la dépression, moi qui suis en bonne santé et qui, malgré parfois des baisses de régime, suis d'un naturel très optimiste. Je me suis sentie parfois un peu "voyeuse" à avoir envie de comprendre ce qui peut pousser Camille à trouver que la mort est plus belle que la vie. Il y a des personnes qui ne décident pas de mourir et qui auraient préféré vivre, c'est donc complexe d'arriver à nous faire comprendre qu'une personne en bonne santé physique n'ait pas la volonté de vivre et préfère choisir la mort par euthanasie volontaire assistée (procédé interdit en France mais autorisé en Belgique). Et je dois dire qu'au fil des pages, l'auteur a parfaitement réussi à faire changer ma vision de tout ça et à me faire "toucher du doigt" les sentiments de Camille, ses peurs, ses petites joies aussi, sa descente aux enfers et surtout le fait qu'elle accepte que la mort sera pour elle plus douce que la vie malgré les gens qui l'entourent. J'étais au départ plutôt du côté des parents de Camille, de sa mère surtout qui se pose tout un tas de questions sur ce qu'elle a pu rater dans l'éducation de sa fille pour qu'elle chute au point de vouloir mourir et de l'accepter comme une délivrance mais au fur et à mesure que les pages se tournait, je comprenais davantage Camille même si j'ai en même temps trouvé par moment que ça manquait d'explication et d'intériorisation. 

Prise par cette intrigue, par tous les sentiments qui en suintent, je n'ai pas vu le temps passer et j'ai dévoré les pages, me sentant de plus en plus proche de Camille et finissant par comprendre ce que la jeune femme, que l'on voit grandir et vieillir, a traversé. Les mots sont simples mais touchent droit au cœur, on ne peut que compatir et au final avoir nous aussi envie de la laisser partir malgré le fait que dans la plupart de nos éducations, on mette la vie plus haut que tout. Ce roman a donc bousculé beaucoup de mes certitudes tout en me faisant prendre conscience de ce qu'une dépression peut entrainer chez certaines personnes. Bien évidemment (et heureusement), je pense que les gens qui ont un besoin physique d'en arriver aux extrêmes sont peu nombreux mais j'ai réussi au travers de la plume de l'auteur a davantage les comprendre et à ressentir une partie de leur envie d'en finir. Certains passages sont très durs, surtout vers la fin du roman et j'ai trouvé que le dénouement était à la fois dans la lignée de tout le reste du roman et assez étrange en même temps par rapport à tout ce qu'on a vécu auparavant avec Camille (par contre je ne vais pas épiloguer dessus, à vous de découvrir ce roman, il vous fera certainement vibrer d'une manière bien différente en fonction de votre vécu mais ne vous laissera pas indifférents).

En bref, on vit ce roman de la première à la dernière page avec Camille et il nous ouvre les yeux (ou du moins ça a marché avec moi) sur la maladie qu'est la dépression et la façon qu'a notre personnage principal de la vivre. La mort lui semble plus douce et si de par notre éducation on a du mal à le concevoir, petit à petit on touche du doigt des sentiments violents qui font que notre perception change. Alors pas du tout au tout mais ce roman a le mérite de nous faire nous poser des questions, tout un tas de questions....

Note : 17/20

A lire si vous aimez :
- les romans qui prennent aux tripes et qui défont les certitudes

Passez votre chemin si vous n'aimez pas :
- la tristesse et l'envie d'en finir

http://www.numilog.com/fiche_livre.asp?ISBN=9782756419176&ipd=1017

Pour en savoir plus et lire d'autres avis :
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7 commentaires :

  1. Je vais le lire d'ici quelques jours. La dépression est un sujet très lourd et je me demande de quelle manière Sophie Jomain a décidé de l'aborder. Je suis impatiente d'être fixée.

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  2. Il est à la librairie et tu me donnes envie d'y jeter un œil :)

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  3. J'ai adoré ..mais j'avoue que j'appréhendais sa lecture. Coup de coeur

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  4. Un titre qui m'intrigue depuis que l'auteur en a parlé sur Facebook... Surtout quand elle a dit que chaque année 50 personnes dépressives sont euthanasiées par choix. Cela fait froid dans le dos... Un roman sans doute pas facile à lire (et encore plus dur à écrire ?!) mais qui me tente beaucoup.

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  5. Je suis une fan de sophie jomain, j'ai vraiment hâte de lire son nouveau roman

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  6. Ce livre me tente depuis sa sortie. Ton avis me donne vraiment envie de le lire.

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