Coucou à tous, un article un peu spécial pour accompagner ma chronique parue ce jour de Péché exquis (
mon avis), il s'agit d'une petite interview de l'auteur Emma Foster que je connais "en vrai" (et ouais, je me la pète !)
Un immense merci à Emma pour cet échange ! Jetez vous sur Péché exquis dès le 20 février en librairie ! J'espère que vous aimerez !
Parlons d'abord de Péché exquis :
- Le personnage principal s'appelle Adam, pourquoi avoir choisi Eve pour le rôle féminin ? Un lien avec les Adam et Eve bibliques ? Lequel des deux t'es venu en premier ? De quelle manière choisis-tu les prénoms de tes personnages en règle générale ?
Quand j’ai eu l’idée, il y a près d’un an et demi, de ce qui allait devenir Péché exquis, j’ai eu tout de suite envie que mon personnage principal s’appelle Adam. J’aime la symbolique associée à ce prénom. Adam, c’est le premier homme, or la relation qu’Adam va nouer avec Eve est nouvelle et va le révéler à lui-même, comme un renouveau. Il va aussi vivre plein de premières fois avec elle. Le choix du prénom d’Eve en a découlé : Eve est une femme secrète et elle se choisit ce nom en réponse à celui d’Adam. Ce n’est pas le sien, qu’elle ne lui révèlera que bien plus tard. J’aime l’idée du couple originel : quand Adam et Eve sont ensemble, le monde entier n’existe plus. Une fois que j’ai choisi les noms, j’ai décidé de parsemer le texte d’allusions bibliques (les noms des hôtels dans lesquels ils se retrouvent, les prénoms des autres personnages, le déluge qui s’abat sur Paris, etc.), comme autant de clins d’œil.
Je choisis les prénoms de mes personnages à l’instinct, après avoir défini leur personnalité et un bout de leur histoire. Je fais des listes avec plusieurs choix possibles, puis je vais vérifier l’étymologie : j’aime bien que les prénoms soient porteurs de sens. Je trouve que ça ajoute une dimension supplémentaire à l’histoire. Et je réfléchis aussi aux noms de famille. Là par exemple, Adam s’appelle Valcour : c’est le nom d’un personnage de Sade, que je remercie pour l’emprunt. :-)
- Il s'agit d'une romance érotique, phénomène assez rare il y a peu de temps (tout du moins personne n'en parlait) qui devient de plus en plus plébiscité par le public. Est ce un choix pour une raison particulière ? Ton entourage sait-il que tu "t'adonnes" à ce genre ?
Je n’ai pas eu spécialement envie d’écrire un roman érotique : il se trouve juste que l’histoire que je voulais raconter devait l’être. Mon idée de départ était la suivante : comment une femme qui a vécu un véritable trauma peut-elle survivre ? Une des réponses possibles, et que j’avais envie d’explorer, est : par une sexualité différente, qu’elle vit comme expiatoire. On nous bassine avec le BDSM depuis Cinquante nuances de Grey, or il n’y a absolument rien de BDSM dans ce roman. Il démontre au contraire une méconnaissance totale de ce milieu et de ses codes. J’ai donc eu envie d’écrire une histoire dans laquelle le BDSM avait du sens. Je ne pense pas que tout le monde soit attiré par cette sexualité, ni qu’on la pratique par hasard. Je n’ai donc pas tant écrit un roman érotique qu’une histoire dans laquelle la sexualité est importante dans l’évolution des personnages, parce qu’elle les révèle, les sauve ou au contraire les perd.
Je n’ai caché à personne que j’écrivais un roman érotique, pas même à mes enfants. Pour moi c’est un genre comme un autre. Et je suis assez fière de ce roman, je dois bien l’avouer. :-)
- Les personnages principaux ont des cassures que l'on découvre petit à petit pour Adam mais on ne sait quasiment rien sur Eve, il y aura combien de tomes pour découvrir sa vie ?
Il y aura trois volumes en tout. On en apprendra plus sur elle au fur et à mesure, et à la fin du tome 3, il n’y aura plus de zones d’ombre, tout sera révélé et résolu. Je sais que ça peut dérouter les lecteurs, mais j’avais vraiment envie que le premier volume soit centré sur Adam et qu’Eve soit une figure mystérieuse, à la fois charnelle et paradoxalement évanescente. Je voulais que les lecteurs se posent les mêmes questions sur elle qu’Adam, tout en éprouvant quand même de l’empathie pour elle. D’où les extraits de son Journal, qui, si on sait lire entre les lignes, esquissent déjà les grandes lignes de son malheur. Car Eve est une femme profondément malheureuse, et ce malheur la façonne. Dans le tome 2, on la verra beaucoup plus, mais vu ce qui va lui arriver, il faudra sortir vos mouchoirs.
Parlons ensuite de toi :
- Pourquoi l'écriture et pourquoi surtout la romance sous toutes ses formes ? (je rappelle que tu as aussi écrit des romances contemporaines chez HQN sous un autre pseudo) Est ce que tu te vois te lancer dans d'autres genres ?
Je ne sais pas vraiment pourquoi j’écris, mais c’est un besoin. Je suis venue à l’écriture assez tardivement mais je ne peux plus m’arrêter. J’ai des dizaines d’idées, de synopsis et d’histoires à raconter. J’ai commencé par la romance parce que c’est un genre que je connais sur le bout des doigts : j’en ai lu des centaines et j’en traduis. J’aime bien l’idée de faire palpiter le cœur des lectrices, mais ce que j’aime surtout c’est faire rire, d’où, sous mon autre pseudo, ma prédilection pour la comédie romantique. Mais je me vois bien me lancer dans d’autres genres. Après la romance, la comédie romantique et l’érotique, j’ai entamé un roman « populaire » que j’espère terminer avant la fin de l’année. C’est une histoire avec beaucoup de personnages, de l’humour et un peu d’amour, parce qu’on ne se refait pas. J J’ai aussi très envie d’écrire un roman de science-fiction, j’ai une idée en tête depuis quelques mois, je la laisse mûrir tranquillement.
- Dans la description en début de roman, on voit bien que ta vie est bien remplie... Du temps pour lire quand même en dehors du boulot ? Si oui, quel genre de roman préfères-tu ?
J’ai longtemps été une très grosse lectrice (je lisais 2 à 3 bouquins par semaine) mais depuis que j’ai arrêté l’enseignement pour la traduction et l’écriture, je lis paradoxalement beaucoup moins. J’ai plus de difficultés à me plonger dans les mots des autres. Je continue quand même à lire. Mes genres de prédilection sont la fantasy (Ilona Andrews, Patricia Briggs, Karen Marie Moning et Neil Gaiman sont mes auteurs préférés, pour ne citer qu’eux) et la science-fiction et je reviens régulièrement aux classiques, histoire de me frotter à des styles exigeants. Ça me permet de m’extasier en soupirant parce que je ne ferai jamais aussi bien.
- Qu'est ce que ça fait de traduire les livres d'autres auteurs ? De quelle manière arrives-tu à te les approprier ?
Je suis arrivée à la traduction il y a peu (en 2011) et par hasard. Et j’ai découvert que j’adorais ça. C’est un exercice passionnant : il faut respecter le style de l’auteur tout en faisant en sorte que le lecteur ait l’impression que le roman a été écrit directement en français. Traduire oblige donc à réfléchir sur le fonctionnement de la langue française, ce qui fait de moi une meilleure auteure. Mes deux activités sont très complémentaires.
La question de l’appropriation du style est très pertinente. On peut avoir la tentation de projeter son propre style dans celui de l’autre. J’essaie de faire preuve d’une grande humilité et de m’effacer derrière les mots de l’auteur que je traduis. Je tente le plus possible de me couler dans son style, son phrasé, son univers, et de les respecter le plus possible pour que les lecteurs aient la chance de le découvrir en français. C’est un travail d’équilibriste.