mardi 19 avril 2016

[Interview] Karin Slaughter, éditions Mosaïc


C'est dans le salon du fastueux Georges V à Paris que nous avons eu l'occasion de rencontrer Karin Slaughter pour parler avec elle de son nouveau titre paru chez Mosaïc, Pretty Girls (mon avis).

Vis à vis des gens de votre entourage, quelle est leur perception de la violence dans vos romans, est ce qu'ils lisent vos livres ?
En général ils me soutiennent énormément, en revanche, dans ce roman en particulier, il y a trois sœurs, j'ai moi même deux autres sœurs donc ma sœur la plus âgée n'a pas aimé le fait que ça soit ce personnage là qui disparaisse. D'ailleurs mon ainée m'a dit qu'elle aurait aimé ne pas disparaitre et je lui ai répondu que si elle voulait une histoire où l'héroïne est la sœur ainée, elle pouvait l'écrire elle-même.

Où trouvez-vous votre inspiration ? dans la réalité des faits divers ou tout est imaginé ?
Ce qui a inspiré ce roman-là est des événements qui se sont déroulés en Californie il y a 20 ans où un homme enlevait des femmes, les tuait et les filmait. Il vendait ces vidéos à des amis, c'était avant l'arrivée d'internet donc ça n'avait pas la diffusion qui est possible aujourd'hui. J'ai parlé avec un agent du FBI qui me disait qu'aujourd'hui ce sont des crimes qui se commettent encore, qu'avec internet c'est visible absolument par tout le monde, y compris les pires horreurs comme des gens qui se font couper la tête et donc c'est vraiment la vie réelle.  On ne peut pas savoir s'il y a plus de crimes de ce genre aujourd'hui mais la "diffusion" a été facilitée par les nouvelles technologies (malheureusement).

Quand vous commencez à écrire votre roman, est ce que vous connaissez par avance la fin, qui va être le coupable ou est ce que ça peut évoluer ?
Absolument, je pense que c'est très important, je veux que mes lecteurs se laissent porter par l'intrigue et que les révélations les surprennent, je sais donc exactement où je vais.

En tant qu'auteur, est ce qu'il y a d'autres genres qui vous intéressent ?
Non, je pense que tous les bons livres comportent des crimes, que ce soit un thriller ou un roman comme Autant en emporte le vent. Ça titille en permanence l'intelligence des lecteurs, la trame est très importante et dans tous les bons romans, il est pour moi question d'un crime ou d'une intrigue qui surprend le lecteur.

Comment en êtes-vous arrivée à l'écriture ? avez vous une formation spécifique ou est ce que c'était un rêve d'enfant ?
Je pense que quand on est auteur, ça n'est pas nous qui l'avons décidé mais l'écriture qui nous choisit et depuis l'enfance j'ai toujours écrit. Du côté des études, le fait de devoir lire des livres obligatoires ne me convenait pas du tout donc j'ai arrêté très vite mes études à l'université. Le côté académique et formel des dissertations ne me plaisait pas et du coup ça ne m'aurait servi à rien pour le métier d'écrivain que je voulais entreprendre de poursuivre mes études et de chercher à avoir des diplômes. Je me suis mise tout de suite à l'écriture, il n'y a pas eu de période d'attente ou d'interrogation, c'était clair pour moi.

Vous avez été éditée de suite ? auto édition ?
Aux USA, vous avez besoin d'un agent avant d'avoir un éditeur, ça prend du temps, j'ai commencé à vouloir être éditée à 18 ans et mon premier livre est sorti quand j'en avais 29. Maintenant, il y a beaucoup de gens auto publiés mais quand j'ai commencé, c'était rare. Je suis ravie de ça puisque je pense que je n'aurais pas progressé de la même manière en temps qu'auteur. J'essaye, de livre en livre, de m'améliorer toujours et je prends ça à cœur. Avec l'auto édition je pense que ça n'aurait pas été possible, j'avais besoin de tout le côté éditorial d'une maison d'édition.

Y a t il une différence entre un lecteur français et un lecteur américain pour vos livres ?
Il est difficile de faire une généralité, je pense que les lecteurs français sont plus ouverts au côté psychologique alors que les américains sont plus centrés sur le côté sanglant.

Quelle est votre relation avec les blogueurs américains ?
Quand j'ai commencé, Google avait seulement deux ans, mes éditeurs méprisaient les blogueurs. J'ai tout de suite compris la valeur d'internet et j'étais dans des communautés de lecteurs. Aujourd’hui les éditeurs se rendent comptent de l'importance des blogs et qu'ils en ont besoin pour communiquer. Un blogueur va aussi avoir une communauté et c'est une vraie force.

Quelles sont vos habitudes d'écritures ?
J'ai une petite maison dans la montagne, à deux heures d'Atlanta et j'y vais, j'y suis isolée, je ne regarde pas mes e-mails, j'ai quand même la télé, je ne veux pas vivre comme un ermite. Je m'isole avec mon histoire, c'est important pour moi, j'écris de manière très intense, 20 à 30 pages par jour. Je suis concentrée sur mes objectifs. Je suis uniquement concentrée sur mon roman.

Pour les personnages, est ce qu'ils sont inventés de toute pièce ou est ce que vous vous inspirez de gens que vous côtoyez ?
Mes premières histoires quand j'étais enfant était à propos de mes sœurs qui mourraient parce qu'elles étaient méchantes avec moi. Je ne pense pas être si créative que ça pour créer de nouvelles personnes, je pense que je prends un peu de tous les gens qui m'entourent, j'analyse et je vois ce que chacun peut apporter à mes personnages. Plein de personnes me disent qu'elles pourraient être dans un de mes livres mais je les préviens qu'elles risquent de se retrouver dans des situations difficiles.

Combien de livres sont parus ? 
15, environ un par an. Tout n'a pas encore été publié en France. Mosaïc devient mon éditeur en France et ils vont les éditer à raison d'un par an. Ils ont racheté les deux premiers titres de la série Grant county qui vont paraitre en poche.

Vous appréciez venir en France, rencontrer vos lecteurs ? il y a une différence entre les lecteurs américains et français lors des rencontres ?
Oui, j'aime venir en France. Les questions peuvent être un peu plus ésotériques du côté français dans le sens où elles concernent beaucoup les personnages que vraiment l'intrigue elle-même.

Petit mot de l'éditrice : on cherche nous aussi des personnages forts le plus souvent, même si l'intrigue est bien les gens doivent aussi pouvoir se sentir proche des personnages. On doit pouvoir se sentir proche d'eux.

Vous écrivez des thrillers contemporains, est ce que vous ne souhaitez pas explorer d'autres genres de thrillers ?
En temps que lectrice elle aime le thriller historique parce que la distance que donne l'histoire permet d'être plus libre pour l'auteur. Un personnage qui pourrait être un peu gnangnan dans du contemporain va prendre un relief différent dans un contexte historique.  Ça laisse plus de liberté vis à vis des personnages.  Le contemporain doit être davantage ancré dans la réalité. Elle s'est essayée avec Cop Town à écrire une histoire dans les années 1970 et à revenir en arrière mais elle n'a jamais écrit de récit historique comme on l'entend ici.

Encore merci pour ce superbe moment dans ce lieu magique !

2 commentaires :

  1. C'est assez cool d'avoir eu l'opportunité d'interviewer une auteure ! Bon, étant extrêmement timide, je ne pense que je pourrais le faire, mais tu as de la chance !

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  2. C'est vrai que c'était bien ! Pis on a été super bien reçues ! J'aime bien quand les auteurs sont abordables (malgré la langue :-P ) Un super moment !

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